Against clerical omnipotence. A letter from Pierre Vignon

(s.m.) In this morning’s post on Settimo Cielo, Professor Leonardo Lugaresi made his debut with this polemic jab at a previous contribution to the discussion opened on March 23 by Pietro De Marco:

“The letter from the French priest who scoffs at the ‘medieval’ anguish he attributes to Professor Pietro De Marco and contrasts with the lesson of his ‘modern’ …”

The “French priest” to whom Lugaresi refers is Pierre Vignon, of the diocese of Valenza, former magistrate of the interdiocesan ecclesiastical court of Lyon.

Who promptly sent this reframing, accompanied by the citation of a theologian.

*

Cher Dottore Magister,

En ce temps où l’Eglise “Mater et Magistra” a totalement raison de ne pas faire des phrases, je vois que je suis cité par votre éminent interlocuteur que je salue respectueusement de son vivant ! Et je suis vraiment désolé d’être contraint à faire moi aussi des phrases, même brèves.

Non, je ne me “gausse” pas de l’angoisse de mes contemporains. Je signale simplement que si on ne la contrôle pas, dans la foi, l’espérance et la charité, on rejoue des scénarios qui ont été heureusement critiqués par les penseurs. En tant que croyants dans le Christ Jésus, nous sommes renvoyés à la juste compréhension de la Miséricorde infinie qu’il manifeste sur sa croix. C’est dans ce sens que je me permets de citer des extraits du théologien Louis-Marie Chauvet qui, je l’espère, ne m’en voudra pas.

Ce que je dénonce, c’est l’utilisation du drame de la pandémie par les traditionnalistes de tout poil pour réaffirmer l’existence de leur tout-puissant, qui serait surtout censé légitimer leur toute- cléricale. est bien évidemment tout-puissant mais comme “Père tout-puissant” selon notre Credo. C’est sa Miséricorde, pour laquelle le Pape François avait consacré une année jubilaire, qui est essentielle et c’est à elle que ce temps de pandémie nous renvoie. Voilà où se trouve le lieu des paroles de la Catholica. L’épreuve nous fait davantage découvrir la Douceur de Dieu que sa Dureté.

Lire aussi:  Psaume 006

C’est grâce au Concile Vatican II que l’Eglise catholique a été délivrée du venin du Jansénisme. Il n ‘est pas question d’y revenir. Les évêques et les prêtres, pour autant qu’ils doivent subir les reproches de certains fidèles qui voudraient leur voir manier le fouet, doivent protéger l’Eglise des Professeurs Philippulus improvisés que Hergé a si bien croqués dans “Tintin et l’Etoile mystérieuse”. Face à la mort et face à l’angoisse qu’elle suscite, l’Eglise ne cesse de montrer le Christ Jésus mort sur la Croix. Et la croix icône qui exprime le mieux ce message est celle devant laquelle Saint François priait à Saint-Damien. Le Christ en croix qu’elle représente est un Jésus vivant dont jaillit le monde nouveau.

Merci, cher Dottore, de supporter ma réaction mais puisque j’ai été mis en cause, il me fallait proclamer la Foi : Le Christ Jésus ressuscité est vainqueur de toute angoisse et de toute mort.

Avec mes vœux pour vous et pour les vôtres, ainsi que pour le professeur qui me fait l’honneur de me citer. Respectueusement, en esprit de prière.

Père Pierre Vignon
prêtre du diocèse de Valence, province de Lyon

*

Méditation à propos de la Croix

(en Louis Marie Chauvet, ‘’Du symbolique au symbole’’, Cerf 1979, cf. pages 248 à 251)

La Croix du ressuscité ne peut s’interpréter que comme un renoncement de Dieu lui-même. Aussi provoque-t-elle la révolution même de l’image de Dieu, révolution qui conduit à la crise, au changement, en un mot à la rédemption du monde. Ce sont du même coup, nos représentations spontanées du rapport de l’homme à Dieu qui sont appelée à la conversion. Car le Dieu dont nous ne cessons de rêver – le Dieu de notre paradis perdu et de notre innocence première, garant de nos certitudes (notamment religieuses), rétributeur obligé de nos bonnes œuvres… – n’est autre que notre propre double idéal, projection idolâtrique de nous-mêmes et, de ce fait, un concurrent et un rival. Finalement , nous vivons du désir de nous faire les esclaves de ce ‘’Dieu’’. Ceci, en dépit des apparences bien sûr, car l’esclave ne vit que de l’impossible désir de prendre la place du maître, de s’emparer de sa toute . Mais c’est, du même coup, sa situation d’esclave qu’il paraphe. Telle est, selon Freud, l’intenable position imaginaire de l’enfant à l’égard du père idéalisé lors de la crise œdipienne : position mortelle qui le maintient esclave et l’empêche de devenir fils. Le sacrifice de Dieu comme père idéalisé a été ultimement consommé pour le monde un Vendredi Saint. Ce jour-là Dieu s’est dévoilé définitivement dans sa Parole dernière comme un Dieu de grâce et de miséricorde, comme un Dieu humain dans sa divinité jusqu’à mourir en poussant « grand cri et larmes » (Hébreux 5/7). Et désormais, l’ Esprit de Celui qui a ressuscité le Crucifié, répandu sur toute chair (Actes 2/17), pousse en l’homme des gémissements inexprimables (Ro 8/23,26) pour le convertir à cette humanité de Dieu si contraire à l’image de la majestueuse toute divine que forme son désir et pour lui faire crier : « Abba, Père », le libérant ainsi de sa condition d’esclave pour le rendre fils dans le Fils (Ro 8/15, 16 – Ga 4/6, 7). Telle est la folie du Logos de la Croix (1 Cor 1/18)… Ce Logos nous ouvre à une ‘’divinisation-filiation’’ qui, loin de nous arracher à notre à notre humanisation ou à notre mondanité, nous y renvoie au contraire. Devenir fils en communion, dans l’Esprit, avec le Fils, c’est apprendre peu à peu à reconnaître sa totale dépendance d’existence à l’égard du Père de Jésus et être, de ce fait, engagé à faire sa propre vie de manière autonome et responsable… L’enfant ne devient fils qu’en reconnaissant la Loi paternelle. Mais c’est justement à ce compte qu’il peur s’arracher au régime de liberté surveillée sous l’œil jaloux du père tout puissant imaginaire, et devenir lui-même. Le Dieu Trinité révélé dans la Croix du Ressuscité ne peut plus être ‘’utilisé’’ comme ‘’bouche trou’’ de nos problèmes. Dieu de grâce, il ne peut plus nous servir d’alibi : il nous met au pied du mur, il nous renvoie à notre propre responsabilité ; il nous enjoint de consentir à son absence et à son silence. Dans la mort du Fils, le Verbe s’est tu.

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