La lettre du «Fig Mag» du 24 décembre

LETTRE EXCLUSIVE ABONNÉS – Au programme : de redoutables sultans, une Kényane héroïque, un élu français qui s’affirme, des villes blanches.

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Noël est là, et avec lui, en particulier pour les chrétiens, l’espérance voire la promesse d’un avenir moins sombre. Sans doute la situation sanitaire que l’on sait ne nous permet-elle pas de fêter dignement le 2020e anniversaire de la naissance de Jésus-Christ avec la même joie et la même ferveur qu’habituellement, mais du moins peut-on le faire. Comme il y a dix ans. Comme il y a cent ans. Comme il y a cinq cents ans. Ce qui n’était alors pas le cas de tous les peuples européens. Il y a quelques siècles, les Turcs avaient en effet fait terres d’ (sans Noël, donc…) les Balkans, la Grèce, une partie des Carpates, la plaine de Hongrie et les rives du Danube jusqu’aux portes heureusement fortifiées de Vienne. C’est ce que nous rappelle, de sa plume de conteur aussi rigoureuse que soignée, Jean Sévillia, dans un grand récit historique sur l’empire ottoman. Une épopée qui débute avec le petit sultan anatolien Osman, fondateur de la dynastie à la fin du XIIIe siècle, pour s’achever avec Mehmed VI signant à Sèvres, il y a 100 ans, l’acte de décès de l’empire. Entre temps auront défilé, sur terre comme sur mer, les silhouettes glorieuses et terrifiantes de Murad Ier, Mehmed II (l’homme qui s’empara de Constantinople en 1453), Selim III et autre Barberousse.

Le 29 mai 1453, Mehmed II s’empare de Constantinople, dont la population chrétienne est massacrée. Il transforme la basilique Sainte-Sophie en mosquée après avoir profané son autel et récité la prière musulmane. Fine Art Images/Heritage Images/ChristopheL

Sans oublier Soliman le Magnifique, « le sultan des sultans », qui étendit les frontières ottomanes hors d’Europe, jusqu’en Irak, en Égypte ou au Yémen. Et qui assit définitivement l’Etat turcique sur un sunnisme conquérant. Sans pitié pour les minorités chrétiennes, juives ou kurdes, cet -ci ne fut pas tant que cela étouffé ou éteint par « le laïc » Mustafa Kemal, qui ne fit que le « nationaliser », pour reprendre l’expression judicieuse de Jean-François Colosimo. Interrogé par Alexandre Devecchio, l’historien des religions démontre, à l’appui de son essai tranchant Le Sabre et le Turban (Éditions du Cerf), la continuité historique, religieuse et civilisationnelle entre les sultans, Atatürk et Erdogan. La politique impérialiste du président turc en Libye, en Syrie, en Méditerranée orientale ou au Haut-Karabakhces derniers mois en sont une illustration aussi frappante qu’inquiétante. Et si, après les conquêtes et le déclin, nous assistions à la renaissance de l’empire ottoman ?

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L’empire ottoman, les guerres de civilisation, les conflits religieux, Constantinople, Erdogan, le Haut-Karabakh : s’il y a bien une personne sur terre à qui tout cela ne parle guère, c’est Gogo. A 96 ans, cette ancienne sage-femme plusieurs fois arrière-grand-mère sait à peine lire, compter et écrire. Ce n’est pas faute d’essayer pourtant, et c’est ce qui la rend admirable. Depuis deux ans, avec une détermination constante, cette Kalenjin du Kenya suit assidûment les leçons de la classe primaire de son village de Ndalat, à dix heures de route de brousse de Nairobi. Veuve depuis

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